Faire la paix avec son pouvoir pour être pleinement soi-même

Non pas pour chercher le succès extérieur, mais pour ce que moi j’appelle le véritable succès, qui est d’être pleinement soi-même.

 

Faisons la paix avec notre pouvoir et cessons d’être complaisants

Texte de Bethany Webster

De nombreuses femmes expriment cette crainte : « j’ai peur de rester seule si j’arrive à réussir »

J’ai parlé avec de nombreuses femmes originaires de divers pays du monde qui ont exprimé mot pour mot cette crainte. Et certaines ont ajouté qu’elles ressentaient une étrange et affligeante peur que leur mère meure si elles réussissaient. Cela peut paraître irrationnel ou surprenant. Mais cette peur prend racine dans des situations réelles qu’elles ont vécues dans leur jeunesse. Il est important de comprendre ceci tant au niveau personnel que culturel car nous nous libérerons ainsi de l’emprise d’un vieux schéma qui a réprimé les femmes pendant des siècles.(Je te demande un peu de patience car cet article est un peu long. Tu peux peut-être avoir envie de prendre une tasse de thé pendant que tu le lis !)

Ce n’est pas la réussite qui nous fait peur. Ceci est une méprise. Ce qui nous fait réellement peur, c’est l’abandon.

La « peur du succès » indique que dans nos jeunes années, nous avons appris à associer l’idée de succès à celle de la perte.

Derrière la peur de la réussite, on trouve les souvenirs d’abandon que nous avons vécu dans le passé, durant notre enfance, à des moments où notre bonheur (joie) a, d’une certaine manière, provoqué la colère, la peur ou la jalousie de notre mère ou de nos parents. C’est ainsi que nous avons appris à associer notre propre joie avec un sentiment de perte d’appartenance.

La peur de la réussite est un écho de ses souvenirs.

Je ne crois pas que nous craignons d’être « démesurément puissant » comme le dit Marianne Williamson dans sa fameuse citation. Je crois que la petite fille qui vit en nous a peur du rejet permanent que pourrait impliquer la possession de ce grand pouvoir.

Contexte culturel

Il existe un manque de conscience qui est intrinsèque à notre culture patriarcale. C’est l’invisible toile de fond de tous nos problèmes actuels. Elle est tellement intriquée dans la structure de notre société qu’il est à peine perceptible. Il s’agit de la croyance selon laquelle nous devons toujours choisir entre deux alternatives :  soit ceci, soit cela.

La cause la plus profonde de ce manque de conscience généralisé a pris ses racines dans la vie des gens tout au long des siècles passés. Ce qui est sûr, c’est que le premier manque que nous avons expérimenté fut la terreur de nous sentir abandonnés par la personne dont nous avions besoin pour survivre : notre mère (que ce soit de manière momentanée ou chronique).

Historiquement, nous avons vécu dans une culture qui ne prend pas au sérieux les peurs infantiles. En général celle-ci les ignore, les considère comme insignifiantes et elles ne sont donc pas des sujets de préoccupation. Il est certain que du point de vue d’un adulte, ces choses qui terrorisent les enfants sont inconséquentes. Mais notre incapacité à nous mettre en empathie avec le ressenti du point de vue d’un enfant montre à quel point la majorité d’entre nous a perdu tout contact avec la douleur de sa propre enfance.

Les parents ne peuvent pas complétement empêcher les enfants d’expérimenter des moments de peur et de solitude. Cependant, ils peuvent compatir avec eux de manière cohérente de sorte que, avec le temps, l’enfant développe un sentiment prédominant et total de sécurité. L’empathie est la clef. Avoir de l’empathie est plus facile pour les adultes qui ont fait le deuil de leur propre histoire et qui n’ont pas besoin d’ignorer la douleur de leurs enfants pour nier leur PROPRE DOULEUR.

A de multiples reprises, j’ai eu pu observer auprès des femmes qui assistent à mes cours en ligne que plus elles parviennent à incarner la mère intérieure aimante à l’égard de leur enfant intérieur, plus elles sont présentes, émotionnellement disponibles et capables d’empathie avec leurs enfants, avec pour résultat une connexion de plus en plus riche avec eux.

 

Au niveau culturel, nous avons mis le pouvoir féminin et l’abandon sur un pied d’égalité.

Ceci est un écho culturel de ce manque originel, celui de se sentir abandonné par la mère. D’une manière générale, les hommes ont redouté que les femmes conscientes de leur pouvoir abandonnent leur rôle de nourricières et le patriarcat a appris aux hommes à renier leurs propres capacités nourricières, les encourageant à chercher à se nourrir principalement à travers le sexe.

Le besoin de la société d’une femme servile (soumise), ignorante de son pourvoir, reflète notre besoin collectif le plus profond de trouver une mère qui ne nous abandonnera pas. C’est une projection de nos enfants intérieurs traumatisés qui attendent avec anxiété une infatigable mère qui n’arrive jamais. Nous devons renoncer à ce rêve collectif car elle ne peut venir que de notre intérieur. La mère intérieure ne peut surgir que si nous faisons le deuil et apprenons à nous materner nous-mêmes de façon cohérente. C’est une capacité qui peut s’apprendre. Si nous ne sommes pas capables de faire le deuil et d’apprendre à être notre propre mère, nous courrons le risque de transmettre la blessure de la mère à nos enfants.

Tant d’un point de vue culturel que personnel, nous devons faire le deuil. Les situations que nous rencontrons dans le monde extérieur reflètent ce besoin impératif intérieur croissant de regarder notre propre douleur. Il y a un pas évolutif intéressant à faire dans cette blessure de la mère, À CONDITION QUE nous répondions à l’appel nous invitant à nous tourner vers notre intérieur et nous nous donnons le droit de vivre notre chagrin. Cependant, si nous choisissons de remettre à plus tard ce processus, nous continuerons à jouer le même drame et ainsi à nuire à la Terre. Plus nombreux seront les individus qui feront ce travail, plus grande sera la transformation culturelle.

Au niveau personnel, la réussite peut nous rappeler notre capacité à provoquer les peurs de nos mères et la menace subséquente d’abandon de sa part.

As-tu entendu des phrases comme celles-là pendant ton enfance ?

  • Arrête de lui faire des compliments, elle va avoir la grosse tête ! (quand quelqu’un te faisait un compliment)
  • Arrête de te contempler ! (quand tu regardais dans le miroir)
  • Pour qui te prends-tu ? Je vais te remettre à ta juste place !
  • Arrête de te plaindre, il y a des millions de gens dans le monde qui sont plus malheureux que toi ! (quand tu exprimais des besoins)

Pour les femmes des générations passées, la réussite équivalait à l’abandon.

Durant notre enfance et notre adolescence, on nous a appris que notre valeur provenait du soutien que nous apportions aux autres et qu’il était important de s’oublier. On nous a appris que les « gentilles filles » ne devaient pas « trop briller ». Et nous avons vu aussi comment cette croyance a fait du mal à nos mères et les a diminuées.

Nous avons appris à voir notre réussite comme une transgression à la règle tacite de rendre les autres heureux avant de satisfaire nos propres besoins.

La solitude que nous craignons quand nous imaginons la réussite future fait écho à la terrible solitude que nous avons expérimentée dans le passé quand, enfants, nous avons inopinément, par notre joie innocente, irrité notre mère, notre père ou la personne qui prenait soin de nous.

La bonne nouvelle, c’est que ce que nous avons craint le plus est déjà arrivé. Jamais plus nous ne pourront être abandonné à ce point-là. Adultes, jamais nous ne serons plus impuissants, vulnérables ou dépendants comme nous l’étions enfants,

Il est possible que nous ayons subi le rejet émotionnel, l’abandon physique ou la violence. Il se peut que notre mental conscient ait oublié les détails. Mais notre système nerveux s’en souvient clairement et lance des signaux d’alerte de lutte, de fuite ou de blocage quand nous nous autorisons à contempler des nivaux de réussite ou de bonheur qui dans notre famille étaient considérés comme des trahisons.

Notre liberté réside dans notre courage à pleurer la solitude traumatisante que nous avons ressentie enfant. La peur du succès s’évanouit à mesure que nous le faisons, nous permettant ainsi d’avancer plus librement vers notre potentiel.

 

Rassembler son courage pour ressentir complètement cette douleur peut prendre du temps. Cela se fait petit à petit. C’est une douleur existentielle, primordiale et elle peut être ressentie comme si nous étions en train de pleurer la mort de nombreuses générations passées. Je peux te dire par expérience que c’est aussi douloureux que l’enfer mais cela NE VA PAS TE TUER et ça VA PASSER. Le soulagement ressenti quand la peine se calme ouvre sur un monde complètement nouveau. C’est comme si les plaques tectoniques de ton être se mettaient finalement à leur place, ouvrant ainsi des possibilités jusque là invisibles à tes yeux.

La vérité, c’est que ta valeur ne dépend pas de la capacité des autres à la voir.

Les personnes qui dans ta vie te demandent de te limiter au bénéfice de leurs propres insécurités sont rarement capables de voir ta magnificence. Il est important de tenir compte de cela. En général, ton auto-limitation permet seulement que ces personnes puissent s’éviter elles-mêmes. Les choses changent radicalement quand tu te rends compte que tu ne perds rien quand tu cesses de t’acharner pour obtenir l’amour de personnes qui sont tout simplement incapables de te le donner ou non disposées à le faire.

As-tu déjà ressenti le besoin de cacher ta réussite ou de la minimiser ?

En tant que femmes, nous ressentons de la culpabilité basée sur la présomption erronée qu’il est de notre devoir de faire en sorte que les gens se sentent toujours bien. S’ils ne se sentent pas bien tout le temps, nous pensons que c’est de notre faute. Donne-toi la permission de laisser tomber cette culpabilité ancestrale. Ça n’a jamais été une véritable obligation.

Nous devons abandonner ce rôle de « complaisante » afin d’entrer en possession de notre plein pouvoir.

La vérité est que nous ne pouvons pas protéger les autres de leurs propres sentiments douloureux. Les détourner de leur douleur ne les aide pas. Cela prolonge seulement leur souffrance et ajourne leur guérison.

Le plus ironique, c’est que « être complaisant » n’a rien à voir avec « être généreux ». En réalité, il s’agit d’une manière de se nourrir des autres personnes dans le but de se sentir mieux dans sa peau. Es-tu en train d’éviter ta propre douleur te focalisant sur la façon de plaire aux autres ?

Car il s’agit alors d’une transgression des limites. Nous devons voir ce que nous sommes véritablement en train de faire quand nous essayons d’être agréables aux autres à tout prix. En réalité, nous utilisons les autres pour ressentir notre propre valeur. Nous « nourrissons » de l’approbation des autres cette partie de nous qui a souffert de privations. (Il est déchirant de réaliser que des générations de femmes étaient persuadées qu’elles n’avaient d’autres sources de valorisation que celle de rendre les autres heureux.)

Nos tentatives pour rester fidèles aux croyances de nos mères ou nos efforts pour réparer le mal qu’elles ont subi ne peuvent pas effacer les souffrances qu’elles ont vécues. Résiste à la tentation de croire que souffrir comme ta mère a souffert est une forme de solidarité envers elle. Car ce n’est pas le cas. C’est une forme d’oppression intérieure. Nous ne pouvons que faire le deuil et aller de l’avant.

Faire la paix avec notre pouvoir implique l’acceptation du fait que notre authenticité provoquera inévitablement des sentiments de douleur chez les autres. (Et ce n’est pas grave. Je t’assure).

Quand nous renonçons à cette habitude d’en faire trop dans nos relations, nous récupérons une énorme quantité d’énergie que nous pouvons employer pour notre propre évolution. Et cela rend aux autres leur pouvoir d’entamer leur propre processus de transformation à partir de leurs propres émotions. Ces actes sont les clés pour une guérison qui appartient en propre à la personne qui les met en œuvre, les clés de sa porte intérieure. Il lui appartient alors d’utiliser cette clé pour s’ouvrir à une plus grande liberté intérieure. C’est une opportunité à saisir ou à laisser passer.

Il y a une espèce de délicieuse liberté dans le fait de commettre des erreurs, d’être mal perçue et de ne pas être aimée.

Il est délicieux de savoir que ces situations n’ont plus le pouvoir de diminuer ton amour pour toi-même. Quand elles se produisent, tu peux te ressentir mal à l’aise parfois, mais tu ne seras plus déstabilisée. En fait, ces situations commencent à devenir pour toi des opportunités pour prendre soin de toi de manière plus efficace et t’ancrer encore plus profondément dans ta vérité.

Cette délicieuse liberté n’a rien à voir avec le fait de s’opposer ou se rebeller juste pour le plaisir de le faire. Cette liberté est délicieuse parce qu’elle est une partie de la liberté d’être un individu à part entière. Cela signifie avoir le droit de ressentir toute sorte d’émotions et de sentiments qui méritent le respect même (s’ils ne sont pas partagés par les autres) si les autres ne sont pas d’accord. La liberté d’être un véritable individu n’a pas été accordée à la majorité de nos grands-mères et arrière-grands-mères. Revendiquer le droit d’être une personne pouvait leur attirer des injures, la mort ou le rejet. Demeurer petites fut sans doute pour elles une manière de rester saines et sauves.

 

En fait, plus grand sera le changement que nous voulons expérimenter dans notre vie, plus grand doit d’abord être le changement intérieur. Pour que ces changements soient importants et durables, nous devons remonter à la cause d’origine, à notre passé, où se sont inscrits les schémas douloureux de notre enfance. Pleurer notre douleur nous ouvrira de nouveaux horizons qui nous étaient inaccessibles auparavant. Nous devenons alors des agents de changement générationnels !

Il deviendra alors inconfortable pour nous de conditionner notre valeur au fait de plaire aux autres.

Nous nous ressentirons de l’inconfort parce que nous serons en train d’abandonner un vieux schéma qui nous est si familier. Et les autres se sentirons mal parce que l’airbag entre eux et leur « affaires » aura disparu. Ils seront forcés d’être en contact avec leur propre douleur. Ta capacité à endurer le mal-être dû à ce changement est cruciale. Souviens-toi que ce mal-être est temporaire. Il est important de résister au sentiment de culpabilité qui pourrait surgir et de ne pas le laisser (diriger ta conduite) te dicter ta conduite. Utilise cette culpabilité comme un stimulant pour t’affirmer plus pleinement.

Si tu restes cohérente, l’inconfort cédera la place à un doux et profond bien-être, à un sentiment de joie de t’appartenir à toi-même. En étant une femme rayonnante qui se donne la permission d’être pleinement elle-même, tu offres un puissant « potentiel de possibilités » aux autres femmes. Tu deviens l’accomplissement d’un vieux rêve de tes aïeules : une femme qui est une personne à part entière, une femme à part entière …

 

©2015 Bethany Webster.
Traduit par Muriel FOURNIER. ( Relecture de Maria-Elisa HURTADO-GRACIET)

Texte original: “Making Peace with Our Power and Releasing the “Pleaser

 

 

 

 

 

 

 

5 commentaires

  1. Claire-Lise dit :

    Merci pour ce partage. Merci pour ce texte magnifique qui est arrivé au moment juste. Il est d’une telle richesse que chaque lecture me permet de découvrir un autre aspect de la question.

  2. Jennifer dit :

    Merci..

    Ce texte en partage est riche de clés……
    décloisonnantes…

    Après 8 ans d’échec professionnel + entreprenariale……. je perçois des liens avec cette condition féminine (familiale et autres)…

    ça donne la force de laisser être le processus de transformation pour le meilleur de soi……..

    Merci

  3. solangel vallette dit :

    merci d tout coeur pour ce si bon partage

  4. Hillaire dit :

    Il faut arrêter de culpabiliser systématiquement la mère des difficultés que rencontrent les enfants dans cet article il est dit que la cause serait la mère ou les parents et le père ???? Pourquoi il on ne dit lié père Quel est ce mystère qui fait que systématiquement depuis des années on retrouve la mère coupable de tous les maux et le père on n’en parle jamais ??? Étrange non ? Pourtant un enfant on le fait à deux ! Mais des qu’il s’agit de culpabilise un des 2 c’est de la mère dont on parle ! Il faudrait évoluer car maintenant les pères exigent le droit de garde et l’obtiennent alors il faudrait évoluer un peu et sortir dû systématiquement mere = coupable non ?

    • Jean Graciet dit :

      Il ne s’agit pas de culpabiliser pas plus la mère que le père. D’ailleurs, je ne crois pas à culpabilité et encore mois à celle des parents.Il ne faut pas oublier néanmoins que l’enfant a connu pendant 9 mois la sécurité et la protection de sa mère puis pendant environ les trois années qui vont suivre après sa naissance. Et pendant cette longue période il ne connaitra que sa mère pas son père. C’est pourquoi si ce bébé expérimente des souffrances en relation avec l’abandon ou la séparation par exemple ce sera par rapport à sa mère principalement. Ce qui ne signifie pas qu’elle puisse se sentir coupable pour autant.

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